Pour une critique professionnelle

Carte des vignobles A. Budker

Voici une carte fouillée et minutieusement hiérarchisée en cinq classes des cantons, communes et lieux-dits conçue par A. Budker, que Vermorel et Danguy reprennent et complètent dans Les vins du Beaujolais, du Mâconnais et Chalonnais (1893). Leurs conclusions sont impressionnantes de précision et d’actualité : tous les lieux-dits de « première classe » sont situés à Moulin-à-Vent, Fleury, Côte de Brouilly, Juliénas et Morgon. Les XX è et XXI è siècles ne feront pas beaucoup mieux. Qu’est-ce à dire ? Que le Beaujolais a connu une histoire sinon glorieuse du moins tumultueuse (magnifiquement racontée par notre historien en chef Sébastien Durand-Viel) non sans conséquence sur le ressenti actuel de l’amateur mais aussi du professionnel. « ressenti » car il y a tout lieu de penser qu’il ne s’agit point de connaissance étayée par des dégustations exhaustives et répétées, permettant d’actualiser sinon de réviser son opinion à l’égard des vins du Beaujolais et plus largement du vignoble français. C’est un constat plutôt qu’un reproche car la possibilité de forger son opinion à partir de dégustations quasi quotidiennes dans des conditions optimales (à l’aveugle, dans un même millésime, avec une gestion adaptée des verres comme l’ont très bien explicitée Hervé Romat et Jean-Christophe Crachereau dans la Revue des Œnologues n°188) est un exercice réservé aux professionnels de la critique de vin.
Si la théorie est accessible, la pratique l’est beaucoup moins, souvent pour des questions de temps, de compétence, de moyens et de réseaux. Elle est aussi fastidieuse, disons-le, comme tous les métiers où la compétence repose principalement sur la répétition incessante d’un même geste, où le commun, adossé à une sensibilité accrue, finit par devenir le surprenant. Car c’est en creusant en profondeur les mêmes sillons que l’on finit par comprendre, que l’on évite les pièges, modère notre enthousiasme, sans pour autant retenir notre joie de découvrir un nouveau millésime, une nouvelle cuvée ou un nouveau domaine.
Pour enrichir ses lectures d’une sélection de vins pertinente, le professionnel comme l’amateur doivent accorder leur confiance à des professionnels de la critique, à tout le moins si les sélections affichent une totale indépendance, s’appuient sur des compétences reconnues (d’abord par le vignoble) et reposent sur un discours clair et circonscrit. Que l’on soit d’accord ou pas avec ces sélections relève d’une autre question, celle du pluralisme, qui ne doit pas occulter la mécanique intellectuelle de la critique, reposant sur l’expérience, la connaissance et l’éducation, que le travail et la curiosité peuvent enrichir.  La Tulipe Rouge compte dans son équipe des dégustateurs professionnels, aguerris et passionnés qui prennent à cœur de partager de la meilleure façon le résultat de leurs dégustations. Que ce soit auprès des vignerons (LTR est le seul guide à rendre des comptes aussi aux vignerons), des amateurs ou des professionnels, LTR prend soin de livrer – sans conflits d’intérêt et gratuitement – ses résultats avec professionnalisme et intégrité. Bonne lecture. 

Olivier Borneuf - LTR