Système de notation de La Tulipe Rouge

 Si vous êtes un lecteur assidu de La Tulipe Rouge, vous savez déjà que, outre l’absence de conflits d’intérêts (nous ne vendons pas de pub, pas de médailles ni de salons aux vignerons), outre la gratuité de l’information, nous attachons beaucoup d’importance au commentaire de dégustation qui nous semble, dès lors que celui-ci est explicite et bien écrit, plus pertinent qu’une note chiffrée qui finit par rendre identiques deux vins qui sont a priori différents !

Cela étant dit, la note est au vin ce que le passeport est au touriste : un document indispensable pour sortir du territoire et faire le tour du monde. Elle est aussi un moyen de comparaison rapide et un outil commercial redoutablement efficace.

La Tulipe Rouge a été créée pour rendre service au vin, c’est-à-dire à ceux qui le font et à ceux qui l’achètent. Sans renier ce qui nous singularise dans l’univers des médias du vin, nous avons décidé d’instaurer la notation sur 100… mais à notre sauce. Explications.

Une note sur 100 pas comme les autres

L’illusion scientifique

Commençons par une question : que se passe-t-il quand deux vins ne jouent pas dans la même catégorie ? Selon cette échelle, un excellent Côtes-du-Rhône reste un Côtes-du-Rhône comparé à un Grand Cru de Bourgogne : ces deux vins sont jugés, à tort, sur une même échelle de valeurs, la note sur 100 (ou sur 20 selon l’obédience) alors que leurs objectifs de consommation sont totalement différents, pour ne pas dire opposés.

Il est vrai que la note possède un caractère synthétique bien utile pour ceux qui n’ont pas le temps ou la volonté d’aller plus loin… Nous sommes bien d’accord et c’est un problème, car sous couvert d’une apparente précision (parfois à la virgule près) la note écrase toutes les nuances qui pourraient exister entre deux dégustations d’un même vin. Les variations entre les bouteilles, l’ordre de dégustation, la forme du dégustateur et bien d’autres facteurs situationnels finissent de démontrer que cette rigueur de gala n’est qu’apparat et qu’elle sanctionne le vigneron d’un jugement friable, pourtant figé à jamais. Certains, soucieux de la justesse de leur notation, dégustent plusieurs fois un même vin, mais la moyenne de résultats approximatifs ne fait pas un résultat juste.

Quant au critère universel qui permettrait à n’importe qui sur la planète de connaître le « niveau » (notez les guillemets) d’un vin, rien n’est plus inexact ! C’est pourtant ce que le consommateur entérine lorsqu’il cherche des vins par leur note, quel que soit le média consulté. Lorsqu’il s’intéresse à un cabernet de Californie et à un Beaujolais, tous les deux notés 90/100 par des médias différents, le consommateur oublie peut-être que les critères qui ont conduit à ces résultats sont parfois très différents selon le critique considéré. Pour le dire simplement : tous les 90/100 ne se valent pas… Comme tous les critiques d’ailleurs. Mais ça, c’est à vous et au vigneron d’en juger. Pas simple quand on n’est pas issu du sérail journalistique…

Quête et réalité

La dégustation est plurielle, elle repose, qu’on le veuille ou non, sur des critères subjectifs et des sensibilités différentes qui ne peuvent se confondre dans un universalisme matérialisé par un système métrique, qu’il soit sur 20 ou sur 100.  Alors, comment faire ? On ne peut pas plaire à tout le monde. Il faut choisir son camp. Pour Charles Baudelaire dans son « Salon de 1846 », la critique doit, « pour être juste », être « partiale, passionnée, politique, c’est-à-dire faite à un point de vue exclusif, mais un point de vue qui ouvre le plus d’horizons. » La Tulipe Rouge a choisi de défendre le vin réussi car c’est celui qui nous semble transversal à toutes les générations d’amateurs de vin. Quant à l’objectivité du jugement, nous lui concédons une subjectivité de groupe. Pas de star ni de gourou, mais un groupe de dégustatrices et de dégustateurs, travaillant ensemble, formés, compétents et habités par la même passion du vin.

Voilà notre quête, si l’on peut dire, d’une critique idéale qui doit malheureusement faire face aux exigences du monde extérieur, celui dans lequel les bouteilles se vendent et se consomment, celui dans lequel les normes, comme la note sur 100, ont pris le dessus pour fluidifier le commerce. On le regrette égoïstement, mais l’on doit reconnaître ce principe de réalité plébiscité par l’acheteur et… le producteur.

La note 100 selon La Tulipe Rouge

85-87 (12,5-13,5) : bon vin représentatif du style générique de la région
88-89 (14-14,5) : bon vin, consistant, représentatif de sa région 
90-91 (15-15,5) : vin au-dessus de la moyenne régionale
92-93 (16-16,5) :  vin conséquent dont l’origine et/ou le style sont distinctifs
94-95 (17-17,5) : vin conséquent et harmonieusement stylisé 
96-97 (18-18,5) : vin profond et raffiné, par son style et son origine.
98-99 (19-19,5) : une forme d’évidence dans la perfection du style et de la construction
100 (20) : non pas le vin qui nous a paru le plus grand, mais le seul grand !

En adoptant ce système de notation, La Tulipe Rouge n’en accepte pas pour autant les travers et les faiblesses. C’est pour cela que chaque note sur 100 est associée à :

Un commentaire détaillé pour personnaliser la note sur 100

Nous sommes un des rares guides à rédiger des commentaires détaillés sur TOUS les vins sélectionnés (ceux non retenus sont commentés uniquement à l’attention du producteur ) : le lecteur peut donc se faire une idée précise de la cuvée sélectionnée.

Un pictogramme pour contextualiser la note sur 100

Nous avons créé trois pictogrammes pour préciser le style des vins sélectionnés à l’issue d’une dégustation à l’aveugle. Disons rapidement :

  • « Tchin » pour des vins de partage, faciles à boire pour tout le monde ;
  • « Encore » pour des vins plus originaux et/ou consistants ;
  • « Tulipe » pour des vins singuliers, aux caractéristiques exceptionnelles.

Les voici :

Logos Tchin, Encore, Tulipe
     TCHIN              ENCORE               TULIPE

En s’adossant à l’un de ces pictogrammes, la note sur 100 prend une valeur relative qui valorise les vins dans leur catégorie. Le plafond de verre (comprenez une note indépassable) qui s’applique de facto à certaines appellations ou régions disparait ! Le vigneron voit ses vins reconnus pour ce qu’ils sont et non pour ce qu’ils ne sont pas ! Enfin, l’acheteur peut choisir un vin selon ses critères de consommation, qu’une appellation, un nom ou un cépage ne peut garantir.

Fort de cette lecture à trois étages, la note sur 100, le pictogramme et le commentaire, il est facile de trouver son compte, que l’on soit simple consommateur, amateur averti, producteur ou acheteur professionnel. Voilà la notation sur 100 selon La Tulipe Rouge, une notation toujours imparfaite, mais certainement plus juste.

 

La Tulipe Rouge