Les domaines à ne pas manquer !

Un peu de 2018, 2019 et 2020,  beaucoup de 2021 et quelques 2022, voilà la moisson du Palmarès 2024 (eh oui : on déguste en 2023 et on indique « Palmarès 2024 » comme tous les guides qui sortent au mois de septembre, sauf que nous on publie en juillet avant tout le monde !) On ne va pas se mentir, 2021 n’a pas été un long fleuve tranquille pour les vignerons. Cela étant dit, malgré les difficultés du millésime, les dégustations effectuées sur le 1er semestre 2023 ont apporté leur lot de belles surprises. En voici un échantillon non exhaustif (l’intégralité du palmarès est en accès libre sur www.tulipe-rouge), qui n’est pas un podium (vous pouvez le faire vous-même sur www.tulipe-rouge.com) ni le sempiternel, mais souvent légitime listing des « indétrônables » (toujours sur www.tulipe-rouge.com). Il s’agit d’une liste de domaines qui ont marqué nos dégustations et nous poussent à vous en parler. Bonne découverte.  


Le Beaujolais, ses rois et ses princes 

Pour ceux qui ont quelques millésimes de retard, il serait de bon ton de tourner ses papilles vers l’un des vignobles les plus dynamiques de France, à commencer par ses têtes couronnées : Domaine Louis-Claude Desvignes, Domaine Paul Janin, Château Thivin, Domaine Les Capréoles, Château des Jacques, j’en passe et des meilleurs, mais aussi vers les nouveaux princes du granit, déjà connus pour certains, mais ayant atteint sur les tout derniers millésimes une maturité dans le style et dans la gamme particulièrement aboutie : Château du Moulin à Vent, Domaine Raphaël Chopin, Maison le Nid, Domaine Frédéric Berne, Château Bellevue, Domaine de Colette, Domaine des Marrans, Domaine Mee Godard, Maison Piron, Domaine Philippe Viet, Domaine Grégoire Hoppenot, Domaine Pascal Aufranc, j’en passe et des meilleurs. Enfin, si tous ces noms vous sont déjà familiers (tant mieux !), il y aussi ces domaines, plus discrets, mais tout aussi pertinents dans leur quête d’excellence : Domaine Guénaël Jambon, Domaine des Combiers, Domaine des Prévelières, Domaine de La Grosse Pierre, Domaine les Roches Bleues, Domaine Rostaing-Tayard, j’en passe et des meilleurs.

Bordeaux et ses crus inconnus

Une fois n’est pas coutume, c’est le Bordeaux périphérique, mais aussi l’entre-deux (mers) que l’on souhaite mettre en lumière. Parce que Bordeaux c’est avant tout ces vins formidablement construits et équilibrés, souvent bien placés en prix, qui servent admirablement la table, mais aussi, et c’est nouveau, tous les moments de convivialité grâce à des gammes de plus en plus éclectiques. Château Turcaud est un modèle du genre. Réputé pour ces blancs de sauvignons (issus des meilleurs terroirs de l’Entre-Deux-Mers) élevés à la bourguignonne, ce domaine en AOP Bordeaux s’exprime aussi avec talent dans les catégories Crémant et Clairet, deux styles de vin dans l’air du temps. Château la Peyruche est à surveiller de près. Installé sur les meilleurs coteaux de l’AOP Cadillac-Côtes-de-Bordeaux, ce domaine conduit par Charles, David et leurs équipes, développe une gamme éclectique et bien pensée, à la qualité indiscutable. Enfin, le joyau des Côtes, Château Biac n’a rien à envier aux appellations communales. S’adossant à un terroir béni des dieux, ce château excelle aussi bien en rouge qu’en liquoreux. À bon entendeur. 

La Bourgogne, c’est encore possible

On ne va pas se mentir : la Bourgogne est devenue hors de prix et la France n’est plus un marché prioritaire (comme la plupart des vignobles français…). Pourtant, on trouve encore des vins de qualité à prix décents qui font honneur à la région et au portefeuille des amateurs passionnés. Le Domaine du Meix Perthuis, installé sur 2,5 ha cultivés en bio depuis 2013, produit une seule AOP Hautes-Côtes-de-Nuits, déclinée en deux cuvées seulement. Des pinots sérieux, concentrés et bien élevés, à prix juste. Deux Roches - Collovray Terrier, né du rassemblement de deux familles représentées aujourd’hui par Julien Collovray et Pierre-Alexis Terrier. Des blancs francs, frais et pulpeux déclinés en lieux-dits, dont les-terres-noires et les-crays. Les talentueux frères Pacaud dont la gamme en AOP Saint-Véran tutoie sans complexe les crus prestigieux du Macônnais, tout cela pour un prix décent. Sur des appellations plus en vogue, citons Domaine Catherine et Claude Maréchal, bien connu des vignerons amateurs de bourgognes sérieux et « accessibles ». Du simple Bourgogne au Pommard en passant par Savigny, tout est bon, et particulièrement en 2021, où justement tout n’était pas bon… Au risque de surprendre, Domaine JA Ferret, dont les prix n’ont pas échappé à la hausse générale. Cela étant dit, la qualité des vins justifiait cette hausse, et malgré ce nouveau positionnement, les vins restent attractifs si l’on compare, à qualité égale, les alternatives sur la Côte d’Or.

Le Languedoc, en délicatesse

On le sait depuis longtemps, le Languedoc sait faire dans la finesse sans pour autant perdre en puissance. Mais ce sont toujours les mêmes que l’on cite et on les connaît bien. Il en existe d’autres, moins connus, tout aussi excitants, les voici. Clos Constantin, qui en 2021 sort une petite merveille de délicatesse qui ne surprend qu’à moitié, c’est la marque de fabrique du domaine. Plus confidentiel, Les Chemins de Carabote en AOP Terrasses du Larzac, subtil mélange de puissance et de suavité aux parfums enivrants. On adore. Domaine Les Combes Cachées en AOP Minervois, qui régale quelle que soit la cuvée, quelle que soit la couleur, avec une précision et un sens de la mesure que l’on aimerait voir plus souvent dans la région. Enfin, le Chemin des Rêves en AOP Pic Saint Loup, avec sa bien nommée la-soie, tout est dit. À découvrir si vous ne connaissez pas déjà.

Le Roussillon, la fraîcheur du schiste ?

Si vous lisez LTR régulièrement, vous savez que nous sommes très prudents lorsqu’il y a association d’idées sans véritable rigueur scientifique à l’appui. Cela étant dit, on s’incline devant cette fraîcheur mystérieuse qui caractérise les vins sur schiste… À commencer par le très en forme Mas Amiel et sa gamme Natural qui trouve dans le millésime 2022 un certain aboutissement dans le style et la construction. On ne peut pas parler du Roussillon sans faire un détour par Banyuls et le Domaine de la Rectorie. Les vins fortifiés devraient classés au patrimoine mondial de l’UNESCO, et ceux de Banyuls en particulier. 

La Provence, si on cherche on trouve

On en a dit beaucoup dans notre dernière newsletter, mais on préfère le répéter. La Provence, c’est plein de bons vins. Encore faut-il avoir envie d’y fourrer son nez. Commençons par une première pépite : Domaine Alône. Deux millésimes au compteur de ce tout jeune domaine, mais 23 pour le vigneron Christian Ott (ce nom doit vous dire quelque chose, non ?). À découvrir absolument. Une deuxième pépite : Mas de Cadenet. Pas assez connu. Il faut dire que chez les Négrel, c’est discrétion et modestie avant toute chose. Ne vous y trompez pas, ça excelle dans les trois couleurs et ça dure depuis 30 ans (vieux millésimes à l’appui). Une troisième pépite, niché dans au cœur des Mayons. Si vous entendez les cigales et croisez des gens avec l’accent de Manon de sources, nous n’êtes plus loin : Domaine Borrely Martin, incarné par Jacques Martin qui vous expliquera, avec l’enthousiasme d’un jeune premier, comment on fait de grands rouges en Provence…

L’alsace et la Savoie, bienvenues ! 

Pour LTR, la région Alsace vient tout juste d’être activée. Ce qui ne nous a pas empêchés de faire des trouvailles ! On vous présente donc le Domaine Étienne Simonis, installé sur 7 ha et géré par Katia et Étienne Simonis, héritiers d’une tradition familiale remontant au XVIIe siècle. Les vins sont précis et en même temps sur le fil, déployant complexité et minéralité (comprenez une certaine salinité). Le Riesling, original et parfumé, déroule une sève longiligne et fraîche comme il se doit, tandis que le Pinot Gris du Clos des Chats se veut dynamique et aérien, bien loin des caricatures souvent associées au cépage. 
Même remarque pour la Savoie, nouvellement intégrée sur LTR. On est ravi de (re)découvrir les Quénard à ce niveau. Attention, pas n’importe quel « Quénard » (il faut dire qu’il y en a une tripotée !) : Anne-Sophie et Jean-François Quénard. Oui, Anne-Sophie, revenue en 2019 sur le domaine après des études d’œnologie dans l’excellente université de Changins, et à la gérance depuis cette année. Rouge, blanc, crémant, tout est de bon goût et sans concession. Un tour de force quand on connaît les difficiles, mais estimables cépages savoyards.  À découvrir ou redécouvrir absolument !

La Vallée de la Loire, du (re)nouveau 

La Vallée de la Loire, c’est le Pays Nantais, l’Anjou-Saumur, la Touraine et le Centre. Autrement dit, c’est grand, très grand. Difficile donc de faire une sélection sans faire des déçus. Commençons par Château de Chaintres. Élisabeth B. de Tigny Mourot, la directrice, a fait du bon boulot depuis en son arrivée en 2010. Certifié en bio et biodynamie, le domaine affiche une large gamme, à la fois cohérente et solide, où les rouges tirent leur épingle du jeu, sans oublier les plus joyeux rosés et crémants d’excellente facture. Les prix sont tendres et invitent à la découverte. Terra Vita Vinum affiche un positionnement plus ambitieux, mais justifié aux dires des sympathiques propriétaires Bénédicte Petit et Luc Briand. Un positionnement qui ne nous effraie guère à la dégustation des vins : tout est absolument délicieux et mérite l’attention de l’amateur le plus exigeant. Dernier point et non des moindres, la gamme est déclinée avec et sans soufre, pour explorer toutes les facettes de ces vins profonds et complexes. Déjà bien connu des cavistes, le Claux Delorme est toujours aussi méritant. Dans un style qui lui appartient, ces vins séduisent et ne se prennent pas la tête, la preuve avec des prix tout à fait abordables. Jeune domaine, installé au cœur de l’Anjou Noir depuis 2018, Clos Galerne nous régale chaque année avec des vins à la fois puissants et ciselés, jouant avec l’évolution pour mieux révéler leur origine. Myrtille et Cédric Bourez possèdent incontestablement ce sens de l’esthétique qui fait du vin une boisson pas comme les autres…

La Vallée du Rhône, toujours pleine de ressources 

Comme le vignoble de Loire, l’immense Vallée du Rhône regorge de bons vins. Pour établir notre choix, on a fermé les yeux à l’issue des dégustations en se demandant quels domaines nous venaient spontanément à l’esprit… Non, évidemment, on a fait le choix d’abord de la nouveauté avec le Domaine Mayard à Châteauneuf-du-Pape, porté par le jeune et talentueux Arthur Mayard. Une belle trouvaille dans un style raffiné et sans chichi, dépouillé et en même temps structuré. Du beau travail que l’on retrouve également sur l’AOP Côtes-du-Rhône. Moins jeune, mais tout aussi talentueux et passionné, Bruno Boisson du Domaine Boisson, dont on sentait venir l’apogée d’un style travaillé au fil des millésimes. Mélange de délicatesse et de suavité, tout en conservant structure et profondeur, les vins en AOP Cairanne et Massif d’Uchaux sont de véritables pépites à prix doux qui, bon an (2020) mal an (2021), ont enfin trouvé leur architecture. Enfin, le discret Domaine de l’Amauve, situé sur la commune de Séguret, est créé en 2006 par Christian Vœux (bien que sa famille soit installée dans le village depuis 1789). Ce jeune installé est un vigneron expérimenté : maître de chai et œnologue au Château Mont-Redon pendant 25 ans, mais aussi directeur du Château La Nerthe à Châteauneuf-du-Pape, Christian Vœux n’a pas mis longtemps pour trouver la recette de Côtes-du-Rhône-Séguret taillés au cordeau, alliant puissance et complexité. Tout est réussi et à sa place, des blancs aux rouges en passant par les rosés. 

La Corse, il y a du grand

Comme les autres vignobles, la Corse a ses stars et ses légendes. Elles ont donné à l’Île de Beauté la place viticole qu’elle mérite et ont aussi certainement suscité des vocations, ranimé des ambitions et fait de la Corse un vignoble dynamique et moderne. À cet égard, Clos Canereccia repris en 2010 par Christian Estève, fait figure d’exemple avec des vins savamment travaillés. L’ensemble de la gamme est hautement recommandable. Autre exemple, Domaine Leccia, sous la gérance de Lisandru Leccia, fils d’Yves Leccia, revenu au domaine auprès de sa tante Annette Leccia en 2015. Les vins, blancs comme rouges, ont de l’allure. Sans fioriture ni artifice, il déroule leur trame avec élégance et retenue. À découvrir absolument. 

Le Sud-Ouest, du vin dans les veines

Si vaste et si composite, le Sud-Ouest ne manque pas d’ambassadeurs : Vignobles Brumont, Château du Cèdre, Clos Triguedina, Domaine du Moulin Pouzy, Domaine Rotier, Clos Thou, etc. Mais le Sud-Ouest, ce n’est pas qu’une poignée de domaines iconiques, c’est aussi un réseau de jeunes et moins jeunes domaines qui ont décidé d’emboîter le pas de leurs leaders pour perpétuer le savoir-faire local, souvent avec panache et innovation. À Commencer par Château Gaudou, Domaine Le Bout du Lieu ou encore Domaine les Roques de Cana à Cahors. Dans le Bergeracois, surveillez Château La Ressaudie et les deux Clos, Bonnefare et d’Orsignac, auxquels on ajoute volontiers le tout jeune Clos de l’Ange et les valeurs sûres Château Moulin Caresse, Château Pique-Sègue et Château Les Farcies du Pech. Côté Gaillacois, les Vignobles Gayrel affichent une belle progression tandis que Domaine Vayssette et Domaine du Moulin demeure des valeurs fiables. Madiran et l’incontournable Clos Basté se voit rejoint par Château de Perron et Château Barréjat. Enfin, le Domaine du Mioula fait honneur au Mansois (le Fer Servadou local) dans la région de Marcillac.