Chaque année, c’est la même rengaine. Toujours plus de vins, toujours plus de travail, toujours plus de fatigue, toujours plus d’incertitude pour essayer tant bien que mal d’extraire le sempiternel lot de découvertes, de bonnes affaires, de pépites, etc. Une marotte journalistique qui en dépit des efforts consentis constitue le sel de notre métier !
Chaque année, les producteurs, vignerons, coopératives, négociants travaillent d’arrache-pied pour réussir leur millésime, en tentant, malgré les caprices de Dame Nature, de faire un peu mieux que l’année précédente. Beaucoup de travail, pour un seul essai, en ayant de moins en moins le droit de se rater, voilà ce qu’il y a dans chaque bouteille que nous recevons en début d’année. Alors si le vigneron souffre, on doit souffrir aussi, en dégustant tous les vins, de toutes les obédiences, sans partis pris ni a priori, avec la même application et la même considération, pour dénicher chaque année, les bons vins mis en marché et, si l’occasion se présente, repérer les découvertes, les bonnes affaires, les pépites, etc.
Il n’y a pas si longtemps, la régularité d’un domaine était un critère discriminant suffisant pour extraire l’élite. Puis l’œnologie a progressé et la régularité est presque devenue une banalité, au point que les domaines ont dû prendre des risques pour se distinguer, ramenant le critère de la régularité au premier plan ! Nous avons donc décidé de récompenser à travers cette sélection ceux qui nous semblent réunir l’initiative et la constance sans jamais sacrifier l’une pour l’autre.
Enfin, si vous avez pris le temps de lire notre éditorial, vous avez compris que le vin au « bon rapport qualité prix » n’est pas sans nous poser quelques difficultés. Pour autant, nous sommes acheteurs de vins, comme vous. Et quand nous achetons du vin, nous n’aimons pas payer « plus cher qu’il ne faut », surtout quand les temps sont durs. Alors on a décidé de constituer nos coups de cœur en partie sur ce principe, « pas plus cher qu’il ne faut ». Ce qui ne veut pas forcément dire « petit prix »… Bonne lecture.
Olivier Borneuf
Beaujolais
Aux côtés de l’indétrônable trio Janin-Thivin-Desvignes, le domaine des Marrans a, nous semble-t-il, passé une nouvelle étape. Les vins sont plus précis et la gamme a gagné en homogénéité. Bravo à Mathieu Mélinand et son frère Camille qui nous ont régalés pendant ces dégustations. Mention spéciale au raffiné Chiroubles Aux Côtes et au ragaillardi Clos du Pavillon en Fleurie.
Citons également Cédric Lecareux, aux commandes du domaine Les Capréoles, qui livre un superbe Régnié Sous la Croix 2022, à l’élevage plus équilibré, et Diaclase 2022, parmi les plus grands vins du millésime. Bravo à lui.
Sous les radars, le domaine de Vernus qui a surpris toute l’équipe avec un Grand Cras 2021 de qualité supérieure dans le millésime. Ce jeune domaine porté par le duo Frédéric Jametton et Guillaume Rouget (du domaine éponyme en Bourgogne) est à suivre de près.
Bordeaux
Il y a évidemment nos coups de cœur des Primeurs (à retrouver dans notre dossier ICI). Croyez-nous, il y a de véritables affaires à tous les prix (on en a acheté). 2023 est un très beau millésime, avec des vins frais, très agréables à déguster.
Parmi nos sélections 2024, nous avons eu un faible pour le Clos Louie en Castillon-Côtes-de-Bordeaux. Installés sur 5 ha en biodynamie, avec une grosse partie de vieilles vignes (dont 80 ares de vignes préphylloxériques de Cabernets, Merlot et Malbec plantées en foule) Pascal et Sophie Lucin-Douteau produisent des vins gracieux et ciselés, dont un superbe 2021 qui a su tirer le meilleur de ce millésime sous-coté.
Autre nom à suivre, Domaine Haut-Ventenac, qui s’est distingué en Primeurs et en livrables (vins en bouteilles). Créé en 2019 par Grégoire Clerc et Rémi Bucherie, deux amis partageant la même passion, ce domaine viticole est depuis 2023 labélisé en agriculture biologique et biodynamique. Le vignoble est situé sur deux terroirs : le plateau argileux de Tayac au cœur de la petite appellation Francs-Côtes-de-Bordeaux et le plateau argileux calcaire de Saint-Philippe d'Aiguille en Castillon-Côtes-de-Bordeaux. Leurs vins sont très réguliers et dans l’air du temps, tout comme leurs habillages.
Enfin, Château Haut-Goujon, la petite pépite de Montagne-Saint-Emilion. Discret, travailleur, franc du collier et excellent vigneron, Mickaël Garde produit une gamme variée de vins de très bonne facture. Du vin d’appellation aux cuvées plus intimistes (dont un magnifique 100% Petit Verdot) tout est hautement recommandable et dans l’air du temps. C’est la bonne affaire (on en achète pour nous !). Arrêtez-vous au domaine, vous serez bien accueilli.
Bourgogne
« Pas plus cher qu’il ne faut » disions-nous en introduction. Nous y voilà ! La Bourgogne ! Eh bien, les coups de cœur ne manquent pas. De Chablis au Mâconnais en passant par la Côte d’Or, ces domaines nous rappellent qu’il est possible de s’éclater sans se ruiner, même sur des appellations reconnues.
En la matière, difficile de trouver une meilleure affaire que le domaine Claude et Catherine Maréchal. Tout est bon, franc, sérieux et définitivement bourguignon. Les vins s’expriment avec typicité et profondeur, ce qui donne sur les meilleurs crus de bons potentiels de garde. À l’heure où les « infusions » et les « semi-carbos » sont à la mode pour soi-disant exprimer la « finesse » du Pinot (là où il faudrait dire « légèreté » sans que les prix s’allègent pour autant), les vins des Maréchal ont quelque chose de réconfortant.
Dans la lignée, au cœur du Mâconnais, dans le village de Leynes, on trouve les sympathiques frères Pacaud, Sébastien et Julien. Installés sur 13 ha autour de notre Dame de Chasselas, les frangins produisent de petites pépites en AOC Saint-Véran, Pouilly-Loché et Pouilly-Fuissé. Dans un style empreint de pureté et de délicatesse, ils façonnent des vins d’une qualité remarquable, de l’entrée de gamme jusqu’aux Premiers Crus. Évidemment, on est client.
Entre ces deux valeurs sûres, une troisième, située effectivement entre la Côte d’Or et le Mâconnais : le bien connu Château de Chamilly. Sous la responsabilité des frangins Desfontaines, Xavier et Arnaud, accompagnés de leur mère Véronique, ce domaine de 32 ha répartis sur les AOC Bourgogne, Mercurey, Montagny et Bouzeron, en conversion bio depuis 2021, développe une gamme sans faille, au style lumineux et aiguisé, dont les élevages ont fortement progressé ces dernières années. Cerise sur la gâteau, les Desfontaines poussent leur réflexion éthique jusque dans la commercialisation des vins en privilégiant une distribution sur le territoire national (70% des ventes). On n’aime pas, on adore.
Tout au nord enfin, à Chablis, le Château de Viviers repris en 2019 par Arnould et Isabelle Lefébure. Depuis 35 ans, ce domaine familial était en fermage et, disons-le, en piteux état. En à peine 5 années, le couple Lefébure a ravivé l’âme de ce château portant huit siècles d’histoire. Le vignoble cultivé en bio et biodynamie depuis 2019 est situé sur les terroirs les plus hauts de l’appellation. Pas de Petit Chablis ici, mais des Chablis sur les fameuses marnes kimméridgiennes et les calcaires du Crétacé qui donnent à ces vins de faux airs de Premier Cru dans un style raffiné, délicat et trompeusement fragile.
Champagne
Difficile de faire un choix tant cette région regorge d’excellentes bouteilles – ce qui explique en partie son insolente réussite.
Parmi les maisons qui innovent intelligemment en maintenant des hauts standards qualitatifs, nous retenons la Maison Louis Roederer et la Maison Billecart-Salmon. La première pour avoir su apporter une inflexion « terroir » dans ses cuvées sans sacrifier une certaine universalité du goût indispensable à une marque internationale. La seconde pour sa pureté de style qui, à l’inverse d'une démarche internationalisée, n’hésite pas à pousser loin l’initiative. Pour ces deux maisons, les BSA (Brut Sans Année) respectivement nommés Collection 244 et Brut Réserve sont de parfaits ambassadeurs.
Côté vignerons, on admire le travail de Vincent et Raphaël Bérêche, toujours entreprenants sans sacrifier un millimètre sur la qualité. En témoignent les extrêmes : un Brut Réserve remarquable, à prix toujours décent, et des grandes cuvées mono-cru parmi les meilleures de Champagne. Dans le même esprit, Rodolphe Péters du Champagne Pierre Péters. Les vins ont gagné en profondeur et en naturel avec, là encore, des extrêmes absolument exceptionnels (Cuvée de Réserve et Les Chétillons). Saluons également la qualité homogène des champagnes Eric Rodez. Toujours à l’initiative, mais avec un style plus posé et contemporain (dosages plus bas), ce domaine déploie une gamme d’une consistance remarquable. Enfin, saluons le chemin parcouru par les frères Paillard à Bouzy et Jean-Paul Hébrart à Mareuil-sur-Aÿ : qualité et régularité avec entreprise à l’instar des excellents Maillerettes pour les premiers et le tout nouveau Clos de Léon produit à Dizy par le deuxième.
Nous serions incomplets si l’on ne mentionnait pas Fabrice Pouillon, également à Mareuil-sur-Aÿ, dont les prises de risque font souvent mouche. David Pehu à Verzenay, dans cette lignée, capable d’exceptionnelles cuvées (Les Perthois 2015) tout en pensant l’avenir autour de l’agroforesterie et la culture bio. Alexandre Chartogne, toujours « en avance », avec ce sens esthétique supérieur dans la construction des vins. Et puis les métronomes, entrepreneurs de toujours ; on les oublierait presque tant ils sont devenus des références indétrônables : Pierre et Sophie Larmandier (Champagne Larmandier-Bernier) aux côtés d’Ambroise et Pascal Agrapart (Champagne Pascal Agrapart). Puis Richard et Karine Fouquet (Champagne Guiborat) et Jean-Marc Sélèque (Champagne Sélèque). On a envie de continuer avec Delphine Boulard (Champagne Boulard), Jean-Baptiste Geoffroy (Champagne Geoffroy), Jérôme Dehours (Champagne Dehours), Nicolas Maillart (Champagne Maillart). Et la jeune garde : notre favori Fabien Cazé (Champagne Cazé-Thibaut), le "nouveau" Champagne Brice et Marie Copinet (Champagne Copinet) dont le chemin parcouru mérite d’être franchement salué. Vous l’avez compris, on n’a beaucoup de mal à s’arrêter et on en oublie certainement un paquet.
Jura
Pour un début dans cette région, nous avons été gâtés tant le niveau des vins était élevé. Exigence de la Tulipe Rouge ou véritable montée en puissance de la région, sûrement un peu des deux.
Dans un style lumineux et plein d’audace, deux références : le domaine Courbet conduit par le sympathique traileur vinificateur Damien Courbet. On retiendra l’excellente cuvée Violette en rouge et le superbe Parcellaire Château-Chalon « Sous Roche ». Domaine Grand sous la houlette des tout aussi sympathiques Emmanuel et Nathalie Grand, dont le style délicat, tout en toucher ravit les papilles.
Dans un style plus attendu, mais précis et dynamique, le domaine Berthet Bondet nous régale d’une gamme homogène et d’excellente facture. Des Côtes-du-Jura au Château-Chalon, tout est recommandable.
Languedoc
Tout le monde le sait : cette région regorge de bons voire très bons vins. En revanche, tout le monde n’est pas d’accord sur ce qui est bon, voire très bon. Nous, il y a longtemps que l’on a tranché en faveur de vins droits et frais avec cette ardence dans les parfums et les saveurs qui caractérise la région.
En cela, Clos du Serre est une évidence. Créé en 2006 par Béatrice et Sébastien Fillon au cœur des Terrasses-du-Larzac, ce jeune domaine a su très vite s’imposer dans un style ciselé, structuré et sans bois. L’ensemble de la gamme, rouge comme blanc, est excellente, avec cette fraicheur que l’on se plait à qualifier de « minérale ». Coup de cœur.
On a presque de l’affection pour le domaine Ollier-Taillefer installé à Faugères. Les sourires contagieux de Luc et Françoise Ollier y sont sûrement pour quelque chose… Sans oublier les vins : ils ne déçoivent jamais et sont toujours dans l’air du temps. Empreints de gourmandise, gorgés de soleil, ils n’en restent pas moins équilibrés et toujours précis. En tant qu’amateur, on se sent respecté, parce que tout est juste, jusqu’au prix.
Autre domaine qui ne déçoit jamais : les Combes Cachées, dans le Minervois. Là encore, aucune faute de goût, le trait est serré, précis, sans pour autant durcir les vins qui conservent chair et gourmandise. Rappelons que ce domaine est tout jeune ! Créé ex nihilo par trois amis passionnés, Xavier, propriétaire céréalier, Michel, géographe globe-trotter, et François, agronome et chef d’entreprise, ce domaine sort son premier vin en 2015 ! Les vignes (15 ha, dont 12 en production en 2022) certifiées bio depuis 2018, sont cultivées sur les terroirs de La Livinière, Siran et Cesseras, entre 100 et 400 m d’altitude sur le piémont de la Montagne Noire. Franchement, allez voir. C’est magnifique.
Entre le pont du Diable et Saint-Guilhem-le-Désert, se niche Domaine Mas Conscience. Repris en 2020 par Roman Kocholl et Audrey Bonnet-Koenig (qui entre autres expériences a travaillé au laboratoire d’œnologie de Denis Dubourdieu et à Franschhoek en Afrique du Sud), ce jeune domaine produit des vins pleins d’éclat dans le fruit et de naturel dans la structure. Ne vous y trompez pas, c’est cadré et sérieux avec en prime des prix consciencieux…
Provence
On aurait pu vous parler des valeurs sûres que l’on ressort à chaque dégustation, Mas de Cadenet en Sainte-Victoire, Château Pradeaux et Domaine Le Galantin à Bandol, Domaine Gavoty en Provence verte ou encore Borrely Martin sur les hauteurs des Mayons. On aurait pu, car ils étaient au rendez-vous de nos dégustations, comme chaque année. On a préféré vous emmener sur le plateau du Cengle, au pied de la montagne Sainte-Victoire, à 500m d’altitude. C’est là que Sophie et Carl Mestdagh ont repris le domaine des Masques depuis 2003. Accompagné par un certain Yves Cuilleron (domaine Cuilleron) et Yannick Burles, vigneron, enfant du pays et fin dégustateur, le couple Mestdagh a réussi le pari de hisser ce domaine parmi les références de la Provence. La gamme des vins est large, mais bien pensée. Pas moins de 6 univers pour satisfaire tous les instants et toutes les envies avec, bien entendu, des syrahs de premier ordre, mais aussi et surtout du Pinot Noir, du Chardonnay, du Viognier à faire pâlir les spécialistes du genre !
Bien connu des amateurs avertis, le discret domaine Richeaume revient en force. Installé sur la commune de Puyloubier, au pied de la Montagne Sainte-Victoire (encore elle…), il est aujourd’hui sous la responsabilité de Sylvain Hoesch, fils de Henning Hoesch qui acheta cette propriété de 65 ha en 1972. En bio depuis les débuts et biodynamie depuis 2018, ce domaine excelle dans l’art des élevages (barrique ou dolia) pour apporter naturel et chair à une matière ardente et en même temps empreinte de délicatesse. À découvrir ou redécouvrir.
Vallée du Rhône
L’immensité de la région nous oblige à trancher ! Commençons par Châteauneuf-du-Pape. On a été emballé, comme souvent, mais au fond assez peu surpris. Les valeurs sûres étaient au rendez-vous : Janasse, Beaurenard, André Brunel, Mont Olivet, Barroche, Saint-Préfert, Saint-Antonin, Giraud, etc. On en oublie certainement. Soulignons peut-être l’excellent travail des domaines Saint-Préfert et de la Janasse dont les terroirs exigeants demandent « un peu plus » qu’ailleurs.
Côté bonnes affaires, domaine Laurent Fayolle, en Crozes-Hermitage. Les vins n’ont jamais été aussi bons. Et pour cause : produits à Gervans sur les terroirs principalement granitiques les plus frais de l’appellation, les vins de Laurent Fayolle associent structure et maturité, fraicheur et profondeur. Ajoutez à cela, la prudence d’un vigneron né œnologue et vous avez la combinaison parfaite pour des vins purs et pleins de charme. Goutez Clos des Cornirets 2019, vous comprendrez.
Plus au Sud, citons le Clos des Cazaux à Gigondas, en rouge et désormais en blanc. On vous parlera plus longuement de cette nouvelle AOP Gigondas blanc dans un prochain article.
En Camargues, à Costières-de-Nîmes, citons Château Beaubois. Géré par Fanny et François Boyer, ce domaine installé du « bon » côté de l’appellation n’a jamais cessé d’innover pour créer une gamme complète et régulièrement primée dans les trois couleurs.
Enfin, le jeune premier : domaine Beauvence à Beaumont-de-Pertuis au sud-est du massif du Luberon. Après une carrière dans la finance, Frank Loubaresse accompagné de son épouse acquiert en 2018 les 30 ha du domaine. En quelques années, ce jeune domaine soucieux des enjeux écologiques (les vins sont conçus dans un chai bioclimatique) a atteint un niveau de qualité qui le place parmi les têtes de proue du Luberon.
Roussillon
Nous reviendrons plus en détail sur cette région à l’occasion d’un article sur les vins doux naturels. En attendant, mentionnons l’excellent Domaine Augustin, géré par Augustin Parcé (la même famille Parcé derrière les domaines de la Préceptorie et de la Rectorie). Depuis 2014, ce domaine façonne des vins à l’image des vignerons, sans concession et profonds. Schistes et fortes pentes, c’est le prix à payer pour des raisins à part qui donnent des vins à part. Coup de cœur et une forme d’évidence pour ces vins et ce(s) domaine(s).
Sud-Ouest
Cette région fait preuve d’une vitalité qui suscite l’admiration compte tenu des récents aléas climatiques. À commencer par l’excellentissime Château du Cèdre qui nous régale d’une cuvée Charly sans équivalent. Toujours dans le Lot, le domaine Belmont, déjà récompensé pour ces blancs, brille désormais avec des rouges de toute beauté. Plus au nord, le domaine des Rouillats développe une gamme consistante et très bien élevée sur trois dénominations (Périgord, Montravel et vin de France). À Fronton, le célèbre domaine Le Roc fait honneur à la Négrette avec son Haut du Bois. C’est sans compter sur l’ex-batteur de rock anglais devenu frontonnais Nicholas Smith à la tête du Domaine Bois de Devès depuis 2020 : excellent ! À Gaillac, on s’incline devant la régularité sans faille du domaine Rotier, et cela dans les trois couleurs et toutes les douceurs, sans oublier les prix, très doux. Enfin, deux aventures récentes méritent d’être citées. Tout d’abord, le château La Ressaudie à Montravel. Cette propriété du 19e siècle restée dans la famille Rebeyrolle pendant cinq générations a été reprise en janvier 2020 par deux passionnés de vin Frank et Marie Magiera. Sur 14,5 ha de terres argilocalcaires, les cépages traditionnels, mais aussi l’alvarinho depuis 2021 donnent des vins pleins, énergiques, ambitieux et évidemment de bon goût.
Last but not least, le domaine Les Orchidées Sauvages créé en 2016 sur la commune de Montmurat à 380m d'altitude à l'extrême sud-ouest du Cantal. Sur seulement 4 ha converti en bio, Sébastien Lavaurs produit des vins enjoués et pleins d’énergie à base entre autres de cépages hybrides comme le Villard Noir, le Chambourcin et le Seibel (ou Plantet).
Vallée de la Loire
Cet immense territoire regorge de beaux domaines. Mais si l’on s’en tient à nos critères de sélection définis en introduction, on pense immédiatement, en partant de l’Atlantique, au domaine Ménard-Gaborit. Véritable coup de cœur 2024, ce domaine vous emmène en voyage au pays du Muscadet avec des cuvées originales, stylisées et de très bon goût. De l’exercice de style « Contre-Courant » au délicieux Clos Cormerais en passant par les crus (Gorges, Monnières-Saint-Fiacre, Le Pallet) tout est bon, prêt à boire ou attendre selon l’envie. Le jeune François Ménard a du talent et ça se sent dans les vins.
Plus à l’Est, en Anjou, Emmanuel Ogereau défie les lois de la gravité. Pour un ex-scientifique de haut niveau, ça promet : des chenins cristallins, avec ce qu’il faut de profondeur et de tension. Tout est ajusté, précis, sans que l’on tombe dans quelque chose de figé, bien au contraire : c’est aérien et ça se boit avec une facilité déconcertante. Mention spéciale au Clos le Grand Beaupréau 2022. Coup de cœur.
Enfin, au Centre, on ne connaissait pas (ça arrive) le domaine Cordaillat. C’est typiquement ce genre de domaine que l’on se plait à découvrir parce qu’il n’y a rien qui présage du résultat, sinon du bon raisin, du bon goût et in fine du bon vin tout simplement. Les prix ? Ils sont évidemment cohérents.