« Torniamo all'antico, sarà un progresso » (Revenez à l’Antique, ce sera un progrès) est une phrase contenue dans une lettre très célèbre que Verdi envoya à Francesco Florimo le 5 janvier 1871 en réponse à une invitation à succéder à Mercadante à la direction du Conservatoire de Naples. Cette phrase, Cyril Chirouze, le nouveau directeur d’exploitation du Clos Rougeard, aurait pu la prononcer hier soir, à l’occasion de l’inauguration des nouveaux bâtiments de vinification et d’élevage des vins du Clos Rougeard. Tout autant, Martin Bouygues, le nouveau propriétaire des lieux, aurait pu faire sienne cette maxime du célèbre musicien, tant la déférence à l’égard des frères Foucault (les propriétaires jusqu’alors depuis 8 générations) était appuyée, solennelle et, disons-le, authentique. C’est une autre citation qui a été choisie, plus locale, et à vrai dire plus juste, car l’événement qui nous rassemblait hier n’était pas un simple passage de flambeau, mais l’achèvement des travaux de rénovation du bâtiment abritant les caves les plus célèbres du Saumurois.
Cette citation, nous l’avons bien évidemment oubliée, tant la soirée regorgeait de belles bouteilles à déguster, à commencer par ceux du dîner, Brézé 2019 et Poyeux 2009 entre autres. Le millésime 2017, actuellement sur le marché, était également présenté à la dégustation. Retenons un superbe Brézé, un très bon Bourg et un Poyeux des plus flatteurs. L’occasion pour nous de les comparer avec les 2022 produits par la nouvelle équipe et dégustés en barriques. À première vue, avec toute la prudence d’usage à ce stade de l’élevage, rien ne change, si ce n’est le sentiment d’une continuité affirmée, presque zélée, avec, peut-être, ce supplément de précision presque cistercienne (Cyril Chirouze est bourguignon…) dans l’expression, dans la définition du trait, si fin déjà à l’époque des Foucault, qui ravit les palais les plus délicats.
Alors si cette fameuse citation nous a échappé, nous en avons trouvé une autre, dont la sagesse résume assez justement la manière dont le Clos devrait, nous semble-t-il, évoluer à l’avenir : « la tradition sans modernité est stérile, mais la modernité sans tradition est aveugle. » André Valadier, paysan éleveur et homme politique de l’Aubrac.
La Tulipe Rouge