Je suis toujours un peu gêné – certainement à tort – par ces nombreux hommages sur les réseaux sociaux et dans de nombreux médias autour de la disparition d’une personnalité du vin. Comme si l’on devait absolument manifester sa compassion et prouver, si possible, une relation quelconque avec le défunt, aussi éloignée soit-elle. Une fois n’est pas coutume, je vais aussi écrire quelques mots pour ceux qui ne connaissaient pas Frédéric Panaïotis.
Je connaissais Frédéric par nos relations professionnelles mais aussi par quelques moments partagés en dehors du travail, à l’occasion par exemple de dîners organisés entre amis communs. Le vin, et surtout le Champagne, étaient évidemment présents. « Fred » était un dégustateur hors pair. C’était aussi, et avant tout, un vrai « sympa », discrètement brillant, connecté au monde réel et d’une curiosité insatiable – des qualités souvent associées aux intelligences supérieures, celles qui font avancer le monde.

Frédéric Panaïotis est né en 1964. Il a passé une grande partie de son enfance dans le vignoble familial, où il a découvert très tôt la passion de la vigne et du vin. Après des études à l’Institut National Agronomique Paris-Grignon, spécialisées en viticulture et œnologie, il obtient en 1988 le diplôme d’œnologue à l’École Nationale Supérieure Agronomique de Montpellier. Son parcours professionnel l’a conduit à voyager en France et en Californie pour parfaire ses connaissances. De retour en Champagne en 1991, il rejoint le Comité Interprofessionnel du Vin de Champagne, puis la Maison Veuve Clicquot Ponsardin. En 2007, il intègre la Maison Ruinart en tant que Chef de Caves. Il a joué à l’évidence un rôle majeur dans le développement et la communication œnologique de la Maison, voyageant fréquemment à l’international.
Frédéric était aussi un apnéiste passionné. Deux à trois fois par semaine, il s’entrainait en piscine, très tôt le matin ou le soir. Il plongeait pour disait-il « prendre sur soi et avoir du recul ». Il était un encadrant apprécié et un apnéiste expérimenté, « pratiquant depuis plus de quinze ans et ayant réalisé de nombreuses plongées à plus de 50 mètres » nous précise la commission Apnée Grand-Est. Ce 15 juin, accompagné de trois encadrants du Reims-Palmes-Apnée, il participait à une séance de formation en Belgique. Lors de sa seconde plongée à 25 mètres, l’apnéiste de sécurité, ne le voyant pas remonter, a donné l’alerte. Malgré l’intervention rapide de ses collègues, Frédéric s’était détaché de la longe.
Il n’y a jamais les bons mots ou la bonne intonation pour signifier une telle nouvelle. Trop ampoulée, trop amphigourique ou trop sèche. Gardons juste le souvenir d’une bonne personne qui a fait de grandes choses. Repose en paix Frédéric Panaïotis.
Olivier Borneuf