CANOPEE, la serre du futur ?

QANOPEE (QuArt NOrd-Est PrÉmultiplication collectivE) 

C’est un projet issu d’un partenariat entre trois régions viticoles : Beaujolais, Bourgogne et Champagne. Il a pour objet de mettre en œuvre un nouveau modèle de production durable pour sécuriser, en quantité et en qualité, le matériel végétal à destination des plantations de vignes-mères certifiées. Depuis plusieurs années déjà, la filière viticole connaît des difficultés d’approvisionnement en matériel végétal (porte-greffes, greffons, plants). Par ailleurs, les adaptations au changement climatique et les attentes sociétales poussent à innover en termes de recherche et de développement. De longue date, certaines interprofessions assurent, par délégation de l’IFV (institut de la Vigne et du Vin), une activité de prémultiplication du matériel végétal. Cela consiste à produire des greffons et des porte-greffes qui seront assemblés pour produire des plans de base destinés à implanter les vignes de multiplication de greffons certifiés. Cette production stratégique se situe en amont des étapes de production des plants de vigne par les pépiniéristes. 

Production d'un plant de vigne

Un dispositif contre-intuitif, mais indispensable

Traditionnellement effectuée en plein champ, la prémultiplication est aujourd’hui menacée pour des questions sanitaires, en lien avec le climat, en raison de l’extension ou de l’émergence de certaines maladies (court-noué, enroulement, flavescence dorée, bois noir, esca, virose du Pinot Gris, etc.). Afin de préserver cette étape cruciale dans le vie d’un plant de vigne, les régions viticoles et l’IFV ont proposé un nouveau modèle de production en milieu confiné et hors-sol, à l’abri des vecteurs de maladies. 
Face à la pression sanitaire, l’utilisation de serres « insect proof », à l’abri des principaux vecteurs de maladies à virus, bactéries et phytoplasmes apporte des garanties sanitaires optimales afin de se prémunir de ces maladies. Ces serres bioclimatiques comprendront des espaces dédiés et séparés physiquement :
-    Pour la production de porte-greffes et de greffons de base des vignobles du Beaujolais, de la Bourgogne, de la Champagne, mais aussi du Jura. 
-    Pour la conservation du matériel de biodiversité issu des conservatoires régionaux.
-    Pour la production de plants prémunis contre la maladie du court-noué.

Cycle de la sélection massale

Massale ou multiclonale ? 

Les deux mon général ! Avec un réchauffement climatique 100 fois plus rapide que celui observé ces 10 000 dernières années (0,05°C par siècle…), il faut préserver toutes les pistes de pérennisation de la vigne, y compris les nouvelles variétés. Si la nature nous montre tous les jours sa grande capacité d’adaptation, rien ne garantit que la vigne en particulier soit aussi résiliente dans un tel bouleversement climatique. Dans le débat passionné opposant la sélection massale à la culture clonale, ne perdons pas de vue l’objectif ultime. En ce sens, on pourra regretter que la sélection massale soit encore interdite pour les porte-greffes, pour enrichir les collections (même si rien n’empêche le vigneron de la pratiquer chez lui). Aujourd’hui, de nombreux domaines, dont certains à la réputation mondiale, optent pour ce mélange des genres, faisant de leur vignoble un legs génétique in situ, indispensable pour les générations futures.

 

La Tulipe Rouge